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France/Assemblée nationale : Coquerel, un Insoumis « apaisé » à la tête de la ComFi

Samedi 19 Octobre 2024

L'Insoumis Eric Coquerel
L'Insoumis Eric Coquerel

A la tête de la commission des Finances depuis juin 2022, le député LFI Eric Coquerel fait la quasi unanimité auprès de ses collègues de la "ComFi", avec un style plus en rondeur que la plupart des Insoumis. Même si certains jugent que le "militant" perce trop souvent sous le "président".

 

Début octobre, l'ancien président de la commission des Finances Eric Woerth (Renaissance) croise son successeur dans un café. "Avec Eric Woerth, nous avons décidé qu'il n'y aurait plus que des Eric à la tête de la commission", plaisante le député de Seine-Saint-Denis âgé de 65 ans.

 

Amical, M. Woerth rappelle qu'il s'était opposé en 2023 à la remise en jeu du poste d'Eric Coquerel, soulignant que ce n'est pas à la majorité de choisir son opposition.

 

"Ils ont reconnu que j'avais bien présidé la commission. Ils le disent tous", plastronne auprès de l'AFP M. Coquerel, qui défend sa méthode: "ferme sur le fond", tout en veillant "à ce que chacun soit respecté, que la commission soit respectée et qu'elle soit utile au débat public".

 

"Ce n'est pas la commission du buzz et de l'affrontement", dit-il, comme en écho inversé aux reproches souvent adressés aux Insoumis.

 

- "Cohérence idéologique" -

 

Auprès de l'AFP, rares sont les membres de la commission à critiquer sa présidence alors qu'ils achèvent ce week-end un premier examen du budget. La députée LR Véronique Louwagie évoque des "relations cordiales" avec un député qui a su désarmer les "craintes initiales" de ceux qui redoutaient qu'il veuille "tout bouleverser".

 

"Il accepte nos observations, est à l'écoute des commissaires aux finances, veille au bon déroulement des commissions, et il est possible de travailler avec (lui) de manière apaisée", résume Mme Louwagie, candidate en juillet face à M. Coquerel pour présider la commission.

 

Elle estime en outre que M. Coquerel était "dans son rôle" lorsqu'il a réclamé avec force les "lettres-plafonds" de Matignon pour pouvoir étudier le budget 2025 - même s'il "peut difficilement être reproché à un Premier ministre qui vient de s'installer à Matignon de faire de la rétention d'informations".

 

Chef de file du RN sur les questions budgétaires, Jean-Philippe Tanguy salue un "homme juste et un président de commission respectueux de tous les groupes", qui "porte des sujets intéressants, différents des habitudes de la maison et qui nourrissent les débats, même si évidemment nous avons une lecture politique radicalement différente".

 

Le député Renaissance Charles Sitzenstuhl n'est pas en reste: "Je n'ai que du bien à dire d'Eric en étant en désaccord avec sa ligne économique", dit-il, en saluant la "cohérence idéologique" de M. Coquerel, un homme qui "fait vivre le débat" et "respecte les sensibilités". "C'est un profil rare chez les Insoumis, où ils ont plutôt l'habitude d'être très clivants, très enflammés", note-t-il.

 

- "Vitrine" de LFI -

 

Dans ce concert de louanges, l'ancien rapporteur général du budget Jean-René Cazeneuve apporte quelques nuances, appelant à ne pas être "naïf", face à un député qui a des "qualités humaines claires" mais qui est aussi selon lui "très idéologue".

 

"Le président donne souvent la parole au militant", résume-t-il, jugeant que l'amateur de voile "abuse un peu quand même de son rôle de président" et "intervient beaucoup" dans les débats.

 

Dans un courrier adressé à la présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet le 9 octobre, M. Cazeneuve et dix autres députés Renaissance se plaignent d'ailleurs de "dysfonctionnements" au sein de la commission, où la "pluralité des débats n'est plus assurée", du fait que le président et le rapporteur général du Budget, Charles de Courson (Liot), sont tous deux dans l'opposition.

 

M. Cazeneuve reproche aussi à M. Coquerel de ne pas avoir "respecté la Constitution", en ne rejetant pas en 2023 une proposition de loi du groupe centriste Liot sur les retraites au titre de son article 40.

 

"Il est assez différent des Insoumis sur le style, c'est la face respectable des Insoumis, c'est la vitrine", mais "sous ses airs bonhommes, bon enfant, sympa, il n'a pas oublié de faire de la politique au service d'une idéologie trotskyste pure et dure", attaque le député du Gers.

 

Sur X, le chef de file des Insoumis Jean-Luc Mélenchon a en tout cas chaleureusement salué lundi le parcours d'un de ses plus vieux compagnons de route. "La formule magique: sérieux, travail et cohérence idéologique", a-t-il écrit. [AFP]

 
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